Analyse Chronologique du naufrage

Le 14 avril 1912, deux jours après l'appareillage, cinq ans après le souper au cours duquel était né le rêve, la température chute dramatiquement. Le navire approche de Terre-Neuve. À ce moment, le Titanic fend l'Atlantique Nord à une vitesse de 22 noeuds, soit 700 m à la minute.

23h40 : la nuit de dimanche le 14 avril 1912, les veilleurs Fleet et Lee dans la hune du grand mat se penchent en avant, les yeux écarquillés, un iceberg sort de la brume droit devant à environ 600 mètres de la coque. Fleet se tourne et sonne trois coups de cloche
Il prend le téléphone et appelle l'officier Murdock : "Iceberg droit devant".
"Merci", répond Murdoch.
Avant même de raccrocher, l'officier commande : "La barre à bâbord toute".
L'homme de barre tourne au maximum la barre à bâbord. Simultanément, Murdoch actionne le transmetteur d'ordres : "Stoppez les machines, en arrière toute" et commande la fermeture des cloisons étanches.
Après de longues secondes d'attente, le Titanic finit par se déplacer à bâbord, mais il va trop vite, il tourne très lentement. L'impact est inévitable.

23h45 : c'est l'impact. Le Titanic heurte un iceberg qui déchire la coque du navire sur plus de 90 m de long. L'iceberg éventre les 6 premiers compartiments étanches faisant pénétrer de l'eau en grande quantité. De nombreux morceaux de glace tombent sur le pont en face de la timonerie.
Le capitaine se lève au moment de l'impact et va voir ce qui ce passe à la passerelle. Il questionne l'officier Murdoch.
"Qu'est-ce qui c'est passé" ?
"Nous sommes entrés en collision avec un iceberg".
"Commandez la fermeture des cloisons étanches".
"C'est déjà fait", dit l'officier Murdoch.
Smith se tourne vers l'officier Boxhall et dit : "Allez inspecter les dégâts".
Il fait reprendre la marche avant lente. Il jette un coup d'oil sur l'habitacle de la timonerie et voit que l'indicateur d'assiette affiche une inclinaison de 5° sur tribord. Le capitaine fait alors à nouveau arrêter les machines.

0h00 :  Smith se rend auprès du radio Phillips, il l'interrompt alors qu'il transemttait des messages aux familles des passagers et lui dit : " Lancez des C.Q.D a tous les navires qui pourront nous entendre, nous sommes entrés en collision avec un iceberg et nous coulons à pic. Notre position est 41o441Nord 50o241Ouest ".
Peu après, la station télégraphique de Terre-Neuve reçoit le message suivant: " Avons touché iceberg. Sommes fortement endommagés. Accourez. Aide. "
À ce moment, Boxhall revient de son inspection. Tout semble en ordre. Smith, douteux lui demande de faire une inspection plus approfondie avec l'ingénieur en chef Thomas Andrews qui est sur le navire.

0h15 :  Ils remontent à la passerelle le visage sombre et Andrews prend la parole : "Avec l'ampleur des dégâts, le Titanic en à pour une heure - une heure et demi à flotter, deux heures tout au plus". Le capitaine Edward Smith, un homme de mer expérimenté (à 62 ans, il est le capitaine le mieux payé du monde), prend la décision de faire évacuer le navire. Andrews se retourne, affolé, vers Smith et lui rappelle : "Nous manquons de canots, il y a de la place pour seulement 1178 personnes sur 2227 passagers. Près de la moitié des passagers de ce navire sont condamnés à mort ".

Entre 0h15 et 2h17, plusieurs navires ont entendus les C.Q.D. de Phillips comme le Mount Temple qui se trouvait à 95 Km du naufrage, le Frankfurt qui se trouvait à 285 Km, le Bismark qui se trouvait à 130 Km, le Baltic qui, par chance, réussit à l'entendre vu qu'il se trouvait à 450 Km, le Virginian qui se trouvait à 315 Km et finalement le Carphatia qui part à toute vapeur après avoir capté un message

0h25 : Le Titanic envoie le premier S.O.S. de l'histoire maritime.

0h40 : les canots sont enfin parés pour l'évacuation.

0h45 : les hommes de bord reçoivent l'ordre d'avertir tous les passagers de s'habiller chaudement, de mettre leurs gilets de sauvetage et de sortir à l'extérieur. Ils font embarquer des passagers dans les canots de sauvetage.
Le premier canot est descendu. Il compte 65 places, mais seules 28 personnes montent à bord. Certain passagers regardent les premiers rescapés vers la mer en criant : " Eh ! Quand vous remonterez à bord, n'oubliez pas de montrer vos tickets ! " La catastrophe est inéluctable, mais la confiance règne encore. Un deuxième canot est mis à la mer avec seulement 12 passagers à bord. Bruce Ismay, le directeur de la White Star Line, prend place dans l'une des embarcations. Plus tard, il se justifiera en disant qu'il n'y avait plus de femmes ni d'enfants lorsqu'il a décidé de sauver sa peau...
Certaines personnes font néanmoins preuve de courage. Mme Straus refuse de quitter son mari, avec qui elle périra. Benjamin Guggenheim, après avoir enfilé son costume de soirée, monte sur le pont pour mourir, déclarant simplement: " Dites à ma femme que je me suis conduit  dignement. "

La loi exigeait que l'ensemble des canots de sauvetage du Titanic offrent 962 places. Il en comptait 1178. Seulement, le navire avait à son bord 2220 passagers. Autre fait qui rend le naufrage encore plus dramatique : 472 des places disponibles n'ont pas été utilisées.
Lorsque le dernier canot s'est éloigné, vers 2 h du matin,

0h55 :  commence la descente des canots de sauvetage. C'est alors que l'on lance les premières fusées de détresse, ce qui cause un moment de panique chez les passagers qui commencent à se rendre compte de l'ampleur des dégâts. Andrews va voir les préposés aux chaloupes, fou de rage, et leur dit : " Remplissez les chaloupes à leur nombre maximal, vous le savez qu'il manque de chaloupes ".

La mise à l'eau des canots

Les canots nos 5 et 7 ont été parmi les premiers à être mis à l'eau, du côté tribord. Sous la direction de l'officier Pitman, ils allaient être amarrés l'un à l'autre pendant la nuit.
Le canot no 6 s'éloigne du bateau. À son bord, il y a, entre autres, le major Peuchen, Molly Brown, la vigie Frederick Fleet et le maître de manouvre Hichens.
Le canot no 3 s'éloigne à son tour. Mais l'homme d'équipage et le barreur sont si peu expérimentés qu'ils reviennent accidentellement vers le paquebot en train de sombrer.
Le canot no 1, d'une capacité de 40 passagers, n'en contient que 12, dont le couple Gordon et 7 membres de l'équipage.
Les musiciens jouent sur le pont, près de l'entrée de la section première classe, du côté bâbord.
Le canot no 8 transporte 28 personnes, dont la comtesse de Rothes, qui sera plus tard au gouvernail.
Avec 56 personnes à son bord, le canot no 9 s'éloigne à tribord.
Des fusées de détresse sont lancées à partir du pont tribord.
Le canot no 12, à bâbord, transporte 40 femmes et enfants, en plus de 2 marins. Quand l'embarcation rejoint finalement le '' Carpathia '', venu porter secours, elle compte à son bord plus de 70 personnes.
Le canot no 14 déjà plein, un groupe de passagers cherchent à sauter dans l'embarcation. L'officier Lowe tire dans les airs pour rétablir l'ordre.
Le canot no 10 s'éloigne du côté bâbord. Il s'amarrera plus tard aux canots nos 4 et 12 ainsi qu'au canot D1.
Le canot no 16 est prêt pour la mise à l'eau, avec 56 personnes à son bord.
Le plus chargé des canots de sauvetage, le no 11, part du bateau, transportant environ 70 passagers.
Réunissant 64 personnes à son bord, le canot no 13 vient d'être mis à la mer. Des remous causés par le déséquilibre du paquebot forcent le maître de manouvre à éloigner rapidement l'embarcation.
Les passagers et l'équipage continuent de s'agglutiner sur la poupe, au fur et à mesure qu'elle s'élève au-dessus de l'eau.
Le canot C est descendu avec 39 personnes à bord, dont Bruce Ismay, président de la White Star Line.
Le canot no 2, mis à l'eau près du pont à bâbord, s'éloigne en transportant 25 passagers. Sa capacité est de 40 places.
On refuse à John Jacob Astor l'accès au canot no 4. Il dit aurevoir à son épouse qui a pris place dans l'embarcation avec d'autres dames riches et leurs femmes de chambre.
Plus de 1500 personnes sont encore sur le bateau lorsque, vers 2 h, le canot D est prêt à être mis à l'eau, avec 44 femmes et enfants à son bord. Pour éviter une émeute, les hommes d'équipage forment un cordon et l'officier Lightroller menace la foule avec un revolver.
Les hommes d'équipage tentent de dégager le canot B du toit des appartements des officiers. L'embarcation tombe sur le pont, à l'envers, et part à la dérive, servant de bouée à 28 hommes.
Le canot A, aussi placé sur le toit des appartements des officiers, reste à la surface alors que le paquebot s'engouffre dans l'océan. Plus d'une douzaine de naufragés grimpent à bord du canot à moitié rempli d'eau.

vers 2h00 : les 16 canots de sauvetage sont occupés de passagers et s'éloignent. L'orchestre joue toujours sur le pont et 1500 personnes se trouvent alors encore sur l'épave. Ils périront tous.

2h18 : les passagers entendent des craquements entre la 3e et la 4e cheminée quand, tout à coup, le navire se coupe en deux. Plusieurs passagers sont tués lors de la coupure. La partie avant coule faisant redresser la partie arrière.

2h20 : la partie arrière coule aspirant plusieurs passagers sous l'eau. Plus de 1500 personnes sont condamnées à se noyer dans l'eau glaciale de l'Atlantique-Nord. Plusieurs passagers demandent aux commandants des canots de se rapprocher du lieu du désastre pour aller chercher leurs maris ou leurs femmes qui ne sont pas encore morts. Certains matelots, traumatisés par le naufrage refusent de bouger d'un seul pouce. Un canot se rend sur les lieux et réussit à sauver 9 personnes d'une mort certaine.

4h10 : Une lueur d'espoir surgit, les naufragés se réveillent et voient un navire apparaitre dans cette matinée magnifique, c'est le Carphatia qui est finalement arrivé sur le site du naufrage. Les canots 4, 10, 12 et B arrivent en premier mais à la dernière minute, le radeau B est laissé à la dérive. Les canots 14, D et A prennent le radeau B au passage et se rendent au Carphatia. Les autres canots arriveront plus tard dans la matinée.

Des 868 survivants, 711 ont été rescapés par le Carpathia, arrivé sur les lieux du drame vers 5 h du matin. L'équipage de ce navire a mené une opération de sauvetage qui a duré sept heures. À propos de l'horreur du spectacle qui s'offrait à ses yeux, une survivante dira : "Il y avait les cris, les appels à l'aide de gens qui couraient... Nous pensions que rien, jamais, ne pourrait être pire que ces cris. Mais, après, il y a eu le silence... Le silence de la mort... "

Après le départ du Carphatia en direction de New-York avec les survivants du Titanic, le Birma, le Californian et le Mount Temple explorent les lieux du désastre. Pas un corps ne flotte à la surface, aucun débris (ils furent sans doute emprisonnés par la banquise formée pendant la nuit du naufrage). Le Carpathia arrive le 18 Avril à New-York. Ils descendent les canots de sauvetages et vont les porter au bassin no 42, où le Titanic devait accoster.

http://www.legag.com - Livre d'Or - Mise à jour Décembre 2000