L'après-naufrage

Le Carpathia arrive le 18 Avril à New-York. Ils descendent les canots de sauvetages et vont les porter au bassin N°42, où le Titanic devait accoster.

Ensuite, commencent les commissions d'enquête sur le naufrage et les fausses nouvelles selon le Wall Street Journal, le Herald et le Times.

Les commissions d'enquête

L'enquête américaine débute le lendemain même. Bien que critiquée par les anglais qui revendiquent le naufrage (batiment britannique naviguant sur un océan à prédominance britannique), elle saura mettre en lumière les tenants et les aboutissants du naufrage en produisant un rapport complet de 150 pages.

L'enquête sera d'abord orientée sur les trois points suivants : La construction du navire, le nombre de canots de sauvetage et l'utilisation de la radio (TSF). L'analyse complète portera aussi sur la route suivie, les consignes de navigation et l'évacuation des passagers.

Cette enquête délicate mérite qu'on s'attarde sur chacun des points étudiés :
1. La construction du navire 
Aucun reproche à ce sujet, d'autant plus que personne n'est en mesure de préciser la nature de l'avarie provoquée par l'iceberg. On remarquera que le double fond et les cloisons étanches n'aient pas été étendus au dessus de la ligne de flottaison, cela aurait certainement ralenti ou évité le naufrage.
L'enquête ne creuse pas la question de la lenteur de manoeuvre du Titanic. Des tests effectués sur l'Olympic montrèrent que le délai de réaction de la barre était de 35 secondes. Si les essais du Titanic avaient été un peu plus poussés, il aurait été facile de constater que la taille du gouvernail était inadaptée au gabarit du navire.
Chose étrange : La commission est bien obligée de constater qu'aucun batiment n'est insubmersible.
Une théorie vient de faire récemment surface (c'est le mot !) suite aux dernières plongées effectuées sur l'épave, elle concerne la mauvaise tenue des aciers de l'époque qui deviendraient cassants à basses températures ...

2. Le nombre de canots de sauvetage.
Constat effarant : Les 20 canots ne pouvaient embarquer que 1178 personnes alors que la capacité maximale du Titanic était de 3547 passagers. Le pire est que le Titanic était alors en règle avec le réglement maritime (de 1894 ) puisque ce dernier exigeait 16 canots. L'arrivée des superliners capables de transporter plusieurs milliers de passagers a rendu obsolètes ces textes datant du début du siècle. Ces textes auraient du être refaits depuis longtemps mais les hommes du Board of Trade ne se sentent pas trop concernés par le sujet car les accidents sont rarissimes. D'ailleurs, nombreux sont les personnes qui pensent impossible la mise à l'eau simultanée d'un grand nombre de canots (situation vérifiée à bord du Titanic).

3. L'utilisation de la TSF et le problème des messages radio. 
A l'époque du Titanic, le rôle de la TSF est principalement un service rendu aux passagers. La radio est exploitée par les sociétés privées (ici Marconi) pour rendre des services aux passagers. Après une panne de quelques jours, la radio s'était remise à fonctionner dans la journée du 14 Avril. Les 2 opérateurs radios étaient alors surchargés par les nombreux messages privés accumulés. Cela a un lien direct avec la catastrophe car, mobilisés par les envois privés, les opérateurs négligèrent de transmettre au commandant d'importants messages de signalement d'icebergs.
Par exemple, une heure avant le naufrage, l'opérateur Philips reçoit un signalement d'Iceberg. Ce message provient du Californian, un navire qui emprunte la même route que le Titanic. Sans se rendre compte de l'importance du message, Philips rabroue vivement l'opérateur du Californian : " Taisez-vous ! Je communique avec Cap Race " car il est occupé à transmettre une liasse de messages remis par des passagers.

4. La route empruntée par le Titanic.
La  route empruntée par le Titanic est tout à fait conforme aux règles établies. Par mesure de sécurité, elle se trouvait même légèrement plus au Sud de l'axe habituel. Le Titanic a eu la malchance de se heurter à une véritable anomalie climatique. Par suite d'un hiver d'une douceur exceptionnelle, la dérive des glaces avait pris une ampleur inhabituelle.

5. Les consignes de navigation.
Cette remarque concerne principalement la vitesse du Titanic. Il fut reproché à Bruce Ismay d'avoir incité le commandant à pousser les machines afin de battre le record de vitesse de l'Olympic. Bien sur le capitaine Smith n'avait rien à craindre pour sa carrière et n'avait pas pour mission de faire la course mais Ismay, connaissant bien les paramètres de la marche du navire, se préoccupait plus de la vitesse du navire que des signalements d'Icebergs.
Le fait que le Titanic voguait à vitesse normale lors de cette nuit sans lune est le résultat de plusieurs causes :
-  Le capitaine pense que les vigies verront l'Iceberge suffisamment tôt pour virer. Malheureusement, les vigies n'ont pas de jumelles et il n'y a pas de vent pour déceler les packs de glaces.
- Les remarques d'Ismay pour garder un rythme soutenu.
- Il pense que les glaces ne sont pas sur sa route car il n'a pas reçu tous les signalements.
- Il pense que le navire vire plus vite.

6. L'évacuation des passagers.
Nous abordons ici des comportements qui aggravèrent le drâme humain. Ainsi, mis à part le fait que les canots étaient en nombre insuffisant, il faut se rendre compte que la plupart de ces canots quittèrent le navire sans être remplis complètement (certains à la moitié seulement). A cela s'ajoute le comportement des individus à bord des canots qui refusèrent de retourner chercher les personnes qui flottaient dans l'eau glacial.
 - Les canots à moitié remplis.
Le personnel prenait le plus grand soin des riches aristocrates de première classe. Pendant l'évacuation, les salles restèrent allumées et chauffées, l'orchestre continua de jouer, les bars continuaient de fonctionner .... En somme, tout était fait pour que la panique ne gagne pas et pour que le naufrage passe inaperçu. Cela eut cependant un effet pervers, les passagers ne se décidèrent à évacuer qu'au derniers moments, alors que les canots commençaient à manquer.
La réputation du Titanic qui fut qualifié longtemps de navire insubmersible joua contre lui car les passagers avaient le sentiement d'être plus en sécurité à bord du navire que dans les canots.
Une autre cause de la faible occupation des canots est  liée aux différentes classes. L'idée de faire passer les premières classes avant les secondes fut présente pendant toute l'évacuation. On se rendra compte en consultant les chiffres : les passagers de troisième classe et les employés de la White Star Line avaient très peu de chances de pouvoir être sauvés.
 - Les canots qui refusent de faire demi-tour.
Après le naufrage, les canots se regroupèrent. Certains canots disposant encore de place, plusieurs personnes évoquèrent la possibilité de retourner sur les lieux pour récupérer les survivants qui, équipés de gilets, flottaient dans l'eau. Cela provoqua un tollé général : La plupart des personnes (des femmes et des enfants) étaient traumatisées et ne voulaient pas retourner sur les lieux, d'autres craignaient que le canot ne soit pris d'assaut par des centaines de personnes et qu'il ne chavire.
Après un long moment (une heure après le naufrage), un officier prit les choses en main et, après avoir transvasé les passagers de son canot vers un qui n'était pas complet, retourna sur les lieux. Malheureusement, il ne put ramener que 3 personnes. Ce comportement est héroïque mais il aurait permis de sauver plus de vies s'il avait été entrepris plus tôt.

L'Epave aujourd'hui

Afin de conserver un maximum d'éléments sur ce naufrage, de nombreux objets ont été remontés. J'ai essayé d'en mettre quelques uns dans la rubrique objets. On notera que l'état de conservation de ces objets est très variable.
Les bois ont disparus mais le cuir et le papier ont étrangement bien résistés.

L'Epave est en deux parties (voir photos) éloignés de 800 m. La poupe (partie arrière) a le plus souffert car elle a du couler verticalement. La proue (partie avant) est en meilleur état car elle reste parfaitement reconnaissable. On apprécie aussi que l'étrave ait conservé toute sa classe et toute sa majesté d'origine.

Certaines parties se sont détruites depuis la découverte de l'épave en 1985 : Le mat avant est tombé et le toit du gymnase s'est effondré 

Conclusion

Bien des plongées ont étés effectués sur l'épave du Titanic afin de prendre des images spectaculaires ou de prendre des morceaux de l'épave afin d'y faire des analyses.

Plusieurs fois, des chercheurs, des historiens et même des survivants voulurent renflouer le Titanic des abysses où il repose depuis maintenant 87 ans. Bien qu'un rêve comme celui-ci soit magnifique, il est cependant impossible. Son poids beaucoup trop élevé l'empêche de remonter à la surface.

Même si nous sommes beaucoup documentés sur ce navire, bien des mystères entourent encore ce vaisseau fantôme qui repose à 3780 mètres de la surface depuis le 15 avril 1912.

 http://www.legag.com - Livre d'Or - Mise à jour Décembre 2000